A quoi ça tient
(P et M : Romain DIDIER)
Tu n’as jamais aimé l’école
L’odeur du cuir, les heures de colle
Les résumés d’histoire de France
T’étais un vieil enfant trop sage
Qui f’sait semblant de faire son âge
Parmi les loups sans élégance
T’avais dans la tête une fleur
Dont les pétales te faisaient peur
C’est pas facile de vivre avec
Allez savoir à quoi ça tient
De naître noir ou blond ou brun
Ou d’être gay…
T’as passé ta petite enfance
Avant l’âge des préférences
Entre marelle et jeux de billes
T’as eu des amours enfantines
T’as même fait docteur en méd’cine
Pour voir sous les jupes des filles
Tu dessinais des mannequins
Sur des feuilles de papier dessin
Des seins de femme
des hanches de mec
Tu passais les fringu’ de ta mère
Et ses pinceaux sur tes paupières
Tu divaguais…
T’as découvert avec les hommes
La chair et les pépins de pommes
Le réconfort de l’âme frère
T’as connu le regard hostile
Des bien-pensants des imbéciles
Et le mépris majoritaire
Le jour où ton père l’a su
Le ciel lui est tombé dessus
C’était vingt ans d’foutus ou presque
Entre la tendresse de ta mère
Et les silences de ton père
Tu naviguais…
Et puis un jour on d’vient adulte
On n’entend même plus les insultes
On n’a plus trop de temps à perdre
Alors tous ceux qui privent de ciel
L’amour au masculin pluriel
On n’a pas l’choix, on les emmerde
Depuis tu cueilles les fleurs du mâle
Heureux de vivre en diagonale
Comme un fou sur son jeu d’échecs
Allez savoir à quoi ça tient
De naître noir ou blond ou brun
Ou d’être gay…